Le constat est clair: ce n’est pas le vol en avion qui pose problème en matière de sécurité sanitaire, mais surtout les activités sociales qui précèdent et suivent le voyage en avion. La quarantaine a malheureusement pénalisé les pays qui testent le plus. Mardi soir 13 octobre, une table ronde organisée par l’Université de Genève et Genève Aéroport a abordé le thème de la gestion de la pandémie dans les aéroports avec un panel d’experts et de scientifiques de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), de l’Université de Genève.
La crise sanitaire met une fois de plus en exergue que les épidémies ont toujours emprunté les routes commerciales pour se propager. Toutefois, les autorités sanitaires mondiales ont fortement réglementé les voyages et les échanges commerciaux internationaux. Un règlement sanitaire international (RSI) fixe les mesures particulières à mettre en application dans les ports et les aéroports, ainsi qu’aux postes-frontières.
«Au début, la crise était avant tout sanitaire et aujourd’hui, elle doit être gérée au niveau horizontal, trans-départemental, avec des impacts dramatiques sur les domaines social et économique», a rappelé en guise de préambule Didier Pittet, médecin des frontières. A son avis, «les échanges pour de bonnes raisons ne doivent pas être interrompus, car le risque d’être contaminé en avion est infime, voire inexistant lors de vols de courte ou moyenne durée». Et André Schneider, Directeur général de Genève Aéroport de préciser que 95% des vols au départ de Genève concernent justement des destinations courtes, européennes.
Le risque de contracter le virus serait nettement plus grand si un passager cumulait plusieurs facteurs: être assis à côté d’un passager positif au Covid, lors d’un vol long-courrier, sans masque. Mais cette situation est plutôt rarissime! Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, a rassuré le public en rappelant que «le renouvellement de l’air dans les Boeings et les Airbus est d’au moins six fois par heure, ce qui réduit fortement le risque d’être affecté par aérosolisation. La carlingue d’un avion est l’un des endroits les plus sûrs par rapport à la filtration de l’air».
Quarantaines
Interpellée sur la question des quarantaines obligatoires au retour d’un pays à risque, Virginie Masserey de l’OFSP reconnaît que le système est imparfait et que les critères ne sont pas idéaux, car certaines régions sont plus touchées que d’autres dans le cadre d’un même pays: «Il a fallu se mettre d’accord et trouver un indicateur pour établir cette liste. Cela reste un instrument important qui a eu un effet dissuasif et qui a ralenti l’importation du virus. Si vous restez en Suisse, vous avez dix fois moins de risque de développer le virus que si vous rentrez d’un pays à risque. Ce n’est pas facile de trouver la meilleure solution pour éviter que des voyageurs amènent le virus en Suisse. On n’a pas réussi à le faire, on aurait bien aimé éviter les conséquences économiques», regrette-t-elle.
Tests rapides et vaccins
La question des tests rapides au départ ou à l’arrivée dans les aéroports a également été abordée lors de la table ronde du 13 octobre. Mme Masserey a rappelé que le rôle de l’OFSP est de recommander quand et comment utiliser les tests, tout en précisant que le risque zéro n’existe pas et qu’il est important que les tests soient effectués par des professionnels afin d’éviter les erreurs de diagnostic.
De son côté, le professeur Pittet a souligné qu’il est indispensable de tester à très large échelle afin de mieux connaître et interrompre les chaînes de transmission, tout en précisant que «80% des chaînes de transmission sont connues dans le canton de Genève: 30% touchent la sphère familiale, 20% le travail et 15% les activités sociales (bars, discothèques etc.)». Les tests ont à la fois valeurs de dépistage pour les personnes asymptomatiques et de diagnostic.
Les tests rapides moins sensibles et donc moins précis devraient être validés d’ici à quelques mois. Ils vont changer la donne dans la gestion de la pandémie et pourraient être réalisés à la maison, même s’ils sont moins performants selon le professeur Antoine Flahault: «Croire en une sécurité absolue est une chimère si l’on souhaite reprendre une vie comme avant. Soyons plutôt pragmatiques à l’image des Japonais qui visent la réduction maximale de la propagation du virus.»
Actuellement 40 vaccins sur 130 sont en cours d’essai clinique, mais il y en a peu en phase finale. «Le vaccin serait idéal afin de parvenir à une immunité de 60% de la population» a indiqué la cheffe de la section Contrôle de l’infection de l’OFSP. Toutefois, il faudra encore patienter et vivre avec les indispensables gestes barrières durant les prochains mois. De son côté, Genève Aéroport, en collaboration avec l’OFSP, réfléchit à de nouveaux protocoles sanitaires et les aéroports se doivent de jouer un rôle de facilitateur opérationnel.
Source: Aéroport de Genève
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